Inde du Sud
- par websitebuilder
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- 11 janv., 2019
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Kerala: une croisière enchanteresse dans les backwaters

L’oiseau file en rase-mottes au-dessus de l’eau du canal, son ombre dessine un trait fuyant sur la toile liquide frémissante. Le plafond bas des nuages absorbe rapidement sa silhouette ou peut-être s’enfonce-t-elle dans l’eau sombre. Dans cet univers particulier la ligne de démarcation entre ciel et eau est tellement ténue.

A gauche, sur la rive opposée derrière la frange de cocotiers et de palmiers les rizières somnolent. Le jaune doré des panicules est un signal : elles sont en sursis. Bientôt elles seront la proie de la faucille maniée par le poignet souple et rapide du paysan.

Le silence crée une atmosphère holistique où l’homme communie avec son environnement végétal, minéral, liquide. Mais l’aube est là prête à libérer l’astre du jour. Il est 5h30. Nous sommes au cœur des backwaters au Kerala en Inde du Sud, un biotope fascinant.
La veille le bateau-maison avait accosté pour la nuit.
Enfin nous y sommes. En novembre 2016, dans le cadre d’un périple en Inde du Sud, Madame et moi réalisons un de nos projets, une croisière en houseboat au Kerala.
L’Ouest de l’Inde du Sud draine désormais depuis plusieurs années nombre de touristes. Cette partie de l’Inde vaut le détour. Pour le visiteur occidental elle est peut-être moins déstabilisante ou perturbante que l’Inde du Nord, ses foules urbaines, sa pauvreté endémique assumée, la mort visible affichée sans émotion particulière parmi le monde des vivants.

Le Kerala se détache de ce vaste continent indien. Le PIB est élevé, la pauvreté moins forte et visible, l’éducation est développée, la respiration démocratique plus affirmée, la tolérance religieuse ancrée dans une spiritualité oecuménique. Entre les montagnes et la mer le Kerala offre un terrain de jeu pour un environnement où l’eau, la terre et le ciel s’unissent pour y créer une atmosphère envoûtante.

L’année 2018 a été dramatique pour une partie du Kerala. Depuis un siècle on n’avait pas vu une mousson aussi violente. Le cumul des pluies continues et diluviennes entre mai et août ont entrainé des inondations catastrophiques et meurtrières. Mais le Kerala se relèvera et je vous invite à y aller ou à y retourner.
Un passage obligé, une croisière dans les backwaters (marais), un moment unique en dehors du temps, un paysage d’une grande sérénité et d’une beauté incomparable.

La veille en fin de matinée, nous avions embarqué à Allepey pour une croisière au fil des canaux très prisée par les touristes depuis plusieurs années.
Ces anciennes embarcations de transport ont été aménagées pour véhiculer les touristes. Appelées Kettuvallam ( bateau avec nœuds), la coque est en bois de jacquier, la structure supérieure est enserrée de cordes en fibre de coco dont les nœuds forment une tresse esthétique.
Offrant 2 ou 3 cabines confortables sans luxe tapageur avec wc, douchette et air conditionné, le houseboat dispose à l’avant derrière le siège du pilote d’un vaste espace ouvert pour les repas et un salon avec des sièges larges et profonds. A l’arrière, c’est le coin des employés et de la cuisine.

Les houseboat sont amarrés côte à côte parallèlement à la rive. Nous en traversant de bord à bord avant de rejoindre le nôtre. On nous accueille avec un verre de jus de mangue. La crispation de notre estomac indique que c’est le moment de s’attabler pour le déjeuner.
Avec nos compagnons de voyage, Edith, Pierre, Michet, Valérie nous nous imprégnons de cette atmosphère sereine, tranquille. Menu succulent, varié. Nos papilles gustatives s’en donnent à cœur joie. Même Madame qui d’habitude a un appétit d’oiseau met du cœur à l’ouvrage. C’est dire…

De larges ouvertures permettent d’être en contact presque physique avec le canal. Le houseboat glisse sur l’eau, les paysages défilent. Après le repas on s’installe dans les fauteuils. On échange, on refait le monde, on respire, on reste immobiles, le temps ne compte plus, on est en apesanteur.


Après 2 heures de navigation, le bateau-maison manœuvre pour accoster le long des rives d’un bourg. Passage obligé pour les touristes. Les boutiques nous attendent.
On en parle entre nous, le Kerala paraît assez aisé. Lors du trajet en bus on a vu moins de foule dans les villes, moins de cahutes misérables le long des routes et des villages. La pauvreté est moins présente, les maisons sont souvent fabriquées en dur avec des tuiles.

Dans ce bourg où nous déambulons il n’y a pas de tentatives de communication ou d’interpellations. La sobriété est de mise dans l’expression à l’égard des touristes. Nous faisons partie du paysage. C’est la sortie des écoles. Le long des échoppes jouxtant le canal des groupes d’écoliers se forment d’où s’échappent des rires spontanés et d’où s’affichent visages ouverts et sourires sans calcul.

Certains empruntent une longue barque manœuvrée à la pagaie par un homme d’une cinquantaine d’années. Destination l’autre rive pour y déposer les écoliers puis retour pour une autre cargaison. A le voir utiliser la rame pour ces multiples allers-retours on se dit qu’à la fin de la journée il doit être épuisé. Mais il gère bien ses efforts. Sa gestuelle économise de l’énergie. Qui veut aller loin ménage son organisme. 2 écoliers, la rame à la main, aident à la propulsion de l’esquif qui transporte au moins une dizaine de personnes.

Sur la terre ferme, des écoliers exécutent une séance de gymnastique sous l’autorité du professeur. Pas un ne rechigne, la discipline fait partie de l’éducation. Pompes et abdominaux au programme. Plus loin on distingue des têtes dans l’eau, port du bonnet de rigueur. Ils apprennent à plonger et à faire des battements de jambes dans l’eau du canal.


Je pense, pourquoi cette pensée me traverse l’esprit, à Léo Lagrange, secrétaire d’Etat aux sports et aux loisirs sous le Front Populaire. Pour lui le sport, l’activité physique faisaient partie de l’éducation. Ah ce fameux mens sana in corpore sano.
Nous reprenons notre navigation. De notre poste d’observation on s’immisce en quelque sorte dans la vie quotidienne des habitants qui défile devant nous.


Une fillette monte les marches toilette achevée pour regagner la terre ferme alors que son père barbote encore dans le canal, une indienne la taille droite drapée dans un sari aux couleurs discrètes, chignon nouant ses cheveux gris vers l’arrière, marche d’un pas à la fois serein et altier.

Des hommes en mouvement ou statiques portent le dhoti traditionnel, longue bande de coton blanc, souvent ramassé autour de la taille laissant les jambes découvertes.
Puis le regard se porte aussi sur le canal et l’horizon. La vie et le mouvement y sont aussi intenses.


Aux houseboat transportant des touristes se mêlent des ferrys souvent à un étage qui desservent bourgs et villages. Ce sont en quelque sorte des omnibus empruntant les voies fluviales, un réseau dense et labyrinthique. Parfois le canal se resserre empêchant la navigation des plus gros navires. La végétation sur les rives semble alors se rapprocher, le couvert végétal s’incline au-dessus de nos têtes.

Puis le canal devient presque un bras de mer lorsqu’il rencontre un de ses semblables. On change brusquement de perspectives. La ligne d’horizon s’éloigne et l’alignement des cocotiers prend ses distances.

Des embarcations effilées, les bateaux-serpents, tracent leur route rectiligne. Ce réseau forme des artères nourricières vitales. Le contenu des bateaux est d’une diversité infinie : ballots de tissus, pierres, matériaux divers, sacs de riz…


Des embarcations, moyens de transport du quotidien, transportent là un couple de seniors à la sérénité apaisante, plus loin on croise une mère et son enfant maniant la rame comme on tourne les pédales de sa bicyclette.



Ces voies fluviales structurent un espace de circulation à l’identique d’un plan de déplacement urbain. Les langues de terre parfois aussi étroites qu’un sentier, frangées de cocotiers ou de palmiers, sont comme des trottoirs où circulent piétons, paysans, bicyclettes, rarement des motocyclettes.
Elles accueillent aussi sur des parties plus larges des aires d’habitation. Etranges ces maisons posées entre canaux et lacs.

Le soleil entame sa course descendante. On a emprunté une autre voie. On n’a plus le même point de vue barré maintenant par une frange de végétation et d’habitations. Résultat pas de coucher de soleil dans le viseur de l’appareil photo.
Le crépuscule enveloppe doucement le bateau qui accoste. La réglementation interdit la navigation pendant la nuit.
Je me dégourdis les jambes et entame une marche d’exploration. Elle sera courte. On est de suite dans des propriétés privées avec de belles maisons à un étage. Quelques indiens lancent leur canne à pêche. Au bout de l’hameçon un petit poisson s’agite. On le rejette, trop petit pour la friture.

Le canal est central dans la vie des individus. Le pauvre, il ne sait plus où donner de la tête ! Il est multifonctionnel.
Certes, il permet de se déplacer, et on l’a vu il est plutôt servi avec cette densité et cette diversité d’utilisateurs. Mais il se transforme aussi en salle de bains et en lave-vaisselle…

La nuit est tombée. L’un des pilotes se lave dans le canal puis c’est le tour de son dhoti et de sa chemise. Il savonne puis bat l’étoffe humide sur une marche de pierre. En face sur l’autre rive des silhouettes s’agitent dans la pénombre.
Le silence peu à peu n’est plus interrompu par la navigation au diesel. Quelle félicité. On en jouit pleinement. Dans les cabines l’air conditionné se met en route à 18h.
On fait honneur au diner. Le service à l’indienne est parfait. Pas de fausses notes de la part des employés, attentifs, discrets, rapides qui savent aussi anticiper nos demandes.
Le silence profond des lieux facilite un sommeil réparateur.

5h30. Je me suis glissé discrètement hors de la cabine. Assis au fond de mon fauteuil derrière le poste de pilotage, je me sens seul au bout du monde. Mais la grisaille du petit matin s’éclaircit peu à peu.
Un des employés m’amène un thé et un café. Toujours cette attention évoquée ci-dessus. Je suis en avance sur le petit déjeuner prévu pour 8h. Mes excuses de lève-tôt sont accueillies avec un visage serein qui apaise.

Bientôt la vie reprend. Les moteurs diesel propulsent de longues embarcations ou plus rarement des barges chargées de produits divers. Des vaguelettes battent les flancs du houseboat.
Madame me rejoint puis c’est l’heure du petit déjeuner. Chacun arbore un visage reposé, serein.

Le paysage défile comme un long travelling. Mais tout à une fin. A 9h après 21 heures de navigation, nous sommes en vue du débarcadère. Clap de fin sur une étape du circuit qui restera dans nos mémoires.
Maintenant mes amis, à vous de jouer. Une bonne cure de sérénité et de bonheur pour le corps et l’âme vous tend les bras...

Le quartier hippie
Notre road trip a commencé à San Francisco, ville marquée dans notre imaginaire collectif par le « Summer of love » de 67 et je me suis demandée si « la maison bleue adossée à la colline » existait bel et bien et si les rues sont encore emplies du parfum mythique de « tous les hippies de San Francisco, plein d’amour brûlant dans leurs yeux ».

14 novembre 2021. Les roues de l’avion entrent en contact avec la piste unique de l’aéroport de Sao Pedro sur l’île de Sao Vicente, une des 10 îles du Cap Vert.
L’avion est bondé. Comme le mien l’était en mars 2020 de retour d’Ethiopie. Et pour cause les opérations de rapatriement transformaient l’aéroport d’Addis Abbeba en ruches bourdonnantes. Les avions étaient pris d’assaut. Le virus entamait sa course mortelle autour du globe. Depuis, l’Ethiopie est le théâtre d’une guerre civile meurtrière dans la région Nord où je randonnais. Depuis je pense souvent à ceux que j’ai pu croisés ou rencontrés ? Que deviennent-ils ?

Ce dicton résume à lui seul cette ville.
Dressée le long du Guadalquivir, sa situation stratégique lui a permit d'être une ville puissante et riche. Grâce à son histoire, Séville a hérité d'un passé arabe et quelques siècles plus tard, elle fut également le principal port de commerce en Europe vers les Amériques au temps de la conquête espagnole.

Mai 2010
Passer de la climatisation de l’avion à un bain de chaleur voilà le premier contact avec le Vietnam et sa capitale Hanoï. En ce début d’après-midi il fait 40°. Commence notre périple de 15 jours du Nord au Sud.
Cette année 2010 Hanoï fête ses mille ans. L’empereur Ly Thai Tô en 1010, au septième mois lunaire, fonda ce qui allait devenir Hanoï. La vue d’un dragon surgissant du ciel, heureux présage selon lui, l’incita à faire du lieu sa capitale « Thang Long » la ville du dragon qui s’élève.

Mai 2016. Madame et moi décidons de visiter l’île de Madère située à une portée d’heures de l’hexagone.
L’envie me tenaillait depuis plusieurs années de fouler cette étonnante île volcanique accueillante aux amoureux ou aux passionnés des fleurs, de la nature sauvage, des randonnées pédestres le long des levadas.

Nous sommes le mercredi 4 avril 2017. C’est jour de Galungan.

Lundi 27 novembre 2017
Depuis 7 heures du matin, assis en plein vent à l’arrière de notre bateau sur un fauteuil en bambou, je contemple le sillage qui strie les eaux du fleuve mythique et nourricier du Myanmar, l’Irrawaddy. Il fait froid. Un brouillard digne des brumes du plat pays cher à Jacques Brel nous accompagne depuis le départ de Mandalay. Il nimbe le large et vaste fleuve d’une atmosphère à même de susciter en nous des vapeurs nostalgiques ou romantiques. Par le travers, apparaît une embarcation chargée à ras bord de birmans comme une ombre fantomatique ou un banc de poissons filant sous le nez du plongeur en apnée.

Octobre 2014. Je passe quelques jours à Yogyakarta chez Mien Brodjo, la tante de mon amie Katharina. Un séjour très agréable chez une dame presque octogénaire, active, alerte, très connue à Java et dont le parcours de vie est étonnant.
Kat et ses deux cousines Abi et Rini ( la fille de Mien) ont programmé tôt ce matin un trekking en jeep à proximité du volcan Merapi (montagne de feu ), le plus actif et le plus dangereux des 129 volcans indonésiens et culminant à près de 3000 m.
Nous allons sur les traces de l’éruption meurtrière d’octobre-novembre 2010 qui a fait plus de 300 victimes dont le juru kunci ( le gardien des clés du volcan).
1 heure de route jusqu’au lieu où nous attend le conducteur de la jeep, un javanais au physique viril d’acteur américain. Abi ne semble pas insensible à cette force tranquille qui émane de lui…cela promet !