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MADERE. A déguster…sans modération

  • par websitebuilder
  • 17 nov., 2018

Mai 2016. Madame et moi décidons de visiter l’île de Madère située à une portée d’heures de l’hexagone.

L’envie me tenaillait depuis plusieurs années de fouler cette étonnante île volcanique accueillante aux amoureux ou aux passionnés des fleurs, de la nature sauvage, des randonnées pédestres le long des levadas.

0 Star et emblème de Madère. L’oiseau de paradis ou Strelitzia reginae

Nous réservons par le biais de l’agence Voyagez-Moi le vol et l’hébergement en demi-pension à Ribeira Brava (rivière sauvage en portugais), une bourgade en bord d’océan située à l’ouest de Funchal. Vol sans histoire et atterrissage sans encombre sur une piste d’un aéroport considéré comme dans le top 10 des plus dangereux. Il faut d’ailleurs une certification spéciale pour les pilotes. Quelquefois les vols sont retardés ou annulés lorsque les vents de travers sont trop violents. Cela met du piment et diffuse un petit parfum d’aventure … La piste initiale trop courte (750m ) a été rallongée.  La route côtière vers la pointe Saint Laurent passe sous cet ouvrage d’art, une cathédrale de béton aux piliers imposants.

Sous la piste de l’aéroport

Le relief tourmenté de Madère a nécessité des travaux gigantesques avec notamment le percement de nombreux tunnels sur l’ensemble de l’île.

Si vous voulez tester vos mollets, réveiller vos quadriceps, booster votre pompe cardiaque, si, automobiliste, vous voulez satisfaire votre addiction à l’égard des démarrages en côte, le choix de Madère est tout indiqué.

En revanche, si vous voulez enfourcher votre bicyclette il vous faudra soutenir la comparaison avec Quintana ou Pinot ou alors ressembler à un aigle des cimes. Les pentes accrochées aux flancs des collines et des montagnes sont impressionnantes. Le dernier km de la course cycliste La Flèche Wallonne où la pente dépasse les 20%, appelé le mur de Huy, n’est que de la roupie de sansonnet à Madère où les pourcentages de ce type sont légion. On comprend pourquoi nous croiserons très peu d’amateurs de la petite reine sur les routes.

Madère, mollets galbés et quadriceps d’acier garantis

Jour 1. Funchal

Le réseau des bus est efficace. Le bus nous amène de notre port d’attache, Ribeira Brava, à Funchal en 30 mn pour un coût modique, 5,60 euros les deux tickets.

Funchal la capitale vaut le détour et on peut y consacrer 2 à 3 jours. Nous descendons du bus face au port. La longue avenue do mar nous amène jusqu’à la gare du téléphérique. Pour 15 euros aller et retour il nous hisse sur les hauteurs jusqu’au jardin tropical Monte Palace.

20 mn de montée. Nous ressentons un curieux sentiment, celui de naviguer au-dessus d’une humanité urbaine en rasant parfois les toits. A notre corps défendant, en survolant l’intimité des résidents, nous avons l’impression de nous glisser dans la  peau de voyeurs.  
Un escalier qui mène vers un ailleurs…improbable

De la cabine, on a une perception parfaite de la structure de la ville et des difficultés d’urbanisation et de déplacements dans un environnement montagneux qui se jette littéralement dans l’océan. Toits de tuile rouge à faible pente, terrasses et maisons cossues avec piscine et transats coexistent avec des ruines ou des habitations délabrées.

Étonnante, cette superposition des maisons sur des terrasses desservies par des volées de marche en pierre pour accéder à son chez soi, ces voitures stationnées comme des scarabées accrochés aux pentes vives. Un regard plus périphérique donne un aperçu du réseau complexe des voies de circulation avec de nombreux tunnels qui dégorgent leur cargaison de voitures, de camions, de bus.

Habitat en cascade avec escalier commun

On entre dans un autre monde avec le jardin tropical oasis de fraîcheur, de calme, de verdure.

Madame est un peu déçue de constater que le site est surtout composé d’arbres. N’oublions pas que Madère signifie « bois ». Lors du premier pas de l’homme au XIVème siècle sur l’île, elle était peuplée de forêts denses tropicales qui ont colonisé peu à peu le paysage lunaire de cendres volcaniques. Ainsi, tout en prenant son temps, pas celui de l’échelle humaine bien entendu, la vie végétale a reconquis le terrain abandonné lors des éruptions volcaniques.

Jardin Tropical Azulejo

Nous empruntons une large allée descendant en pente douce. Sur la gauche le mur d’enceinte est décoré d’azulejos, des panneaux de faïence qui déroulent l’histoire de Madère avec les personnages qui ont marqué son évolution.

Face à un large panorama qui s’ouvre sur la ville et ses environs nous dégustons un repas léger. Pendant 2 heures nous déambulerons dans cet arboretum riche en espèces. Chaque arbre est identifié par une vignette, mais souvent placée au ras du sol, l’exercice de lecture devient rapidement compliqué pour les lombaires et les genoux !    

Un lac intérieur, à l’organisation baroque, accueille le visiteur. Sculptures, statues, chutes d’eau, passerelles, végétation luxuriante, le regard est sans cesse sollicité. Un cygne indolent se laisse photographier en posant comme une star s’apprêtant à monter les marches du festival de Cannes. Un totem en bois en forme de fusée ou de gros cigare exhibe des hiéroglyphes et des personnages sortis de l’ancienne Egypte.

Bassin, chute d’eau, profusion de verdure, statues et tutti quanti

Nos pas nous mènent vers un autre univers. Surprenant cette intrusion dans un espace qui nous emmène à Kyoto. Le Japon est présent avec ces portiques rouges qui se dressent au-dessus des allées. Une statue de Bouddha doré, clin d’œil vers l’Asie, aux traits impassibles semble ne pas voir les créatures habitant les bassins, notamment les carpes koï. Dans une petite mare calfeutrée par la mousse les grenouilles entament leur dialogue. Une tête vient parfois écailler la surface veloutée.

Bassins à la japonaise où les carpes koï évoluent et se reproduisent

Nous longeons le sommet de la muraille en surplomb d’une rue. A ses pieds des hommes habillés de blanc comme des joueurs de pelote basque conduisent de main de maître des paniers en osier : nichés en leur sein ses occupants se font une petite frayeur pour une descente à tombeau ouvert l Succès assuré auprès des touristes…mais la liste d’attente est longue…et le tarif élevé !  

Pratique de la luge-panier fort courue à Funchal

José Berardo le riche propriétaire du jardin n’hésite pas à introduire dans le site un bâtiment aux lignes modernes – qui, avouons-le détonne un peu dans la luxuriance du lieu- consacré à l’art africain, notamment du Zimbabwe et à la géologie. Les sculptures en bois proviennent d’artistes de la 2ème moitié du XXème siècle : visages aux formes expressives, torturées, énigmatiques, marmoréennes. Des animaux se glissent parfois dans cette forêt de visages et de bustes.

Ce jardin offre aussi une curiosité, l’alignement de soldats chinois en bois, peinturlurés de couleur vive. Est-ce un clin d’œil à l’égard de ces milliers de soldats en terre cuite découverts il y a 40 ans en Chine gardant dans un silence immobile le tombeau de l’empereur Qin ? Curieux, pittoresque mais somme toute peu étonnant dans un jardin ouvert sur le monde.

La Chine s’invite avec cette référence aux soldats en terre cuite

Jour 2.  Funchal.

L’objectif est de sillonner la ville à notre rythme et en prenant notre temps.

Nous choisissons de prendre un bus local qui fait l’école buissonnière et dédaigne les voies rapides. 1h20 de trajet qui nous familiarise avec la géographie de l’île, routes sinueuses et étroites, vues superbes au détour d’un virage, des plongées vers les villages et des montées abruptes. Parfois l’océan se dénude lors d’une trouée visuelle dévoilant par coquetterie son liseré laiteux qui caresse le rivage.

Nous savons ce qui nous attend demain car ce trajet nous donne la mesure des conditions de circulation à Madère en dehors des voies rapides. Le mot plat pays est à rayer du vocabulaire des automobilistes…Le bus stoppe en pleine montée pour desservir les arrêts, les croisements sont parfois à la limite.

A Funchal, quelques nuages bourgeonnent au-dessus des monts surplombant la ville. La ville de Funchal est peu étendue ce qui permet de la visiter à pied sans trop de fatigue. En revanche pour s’aventurer sur les hauteurs il faut prendre le bus ou un taxi.

La vieille ville accueille nos pas arpentant les rues étroites. Les restaurants pullulent et des rabatteurs interpellent sans cesse les clients potentiels. Le quartier est en rénovation. Le charme des vieilles pierres est indéniable.

Vieux quartier de Funchal. Peinture murale

Depuis plusieurs années des artistes prennent possession des rues, des portes et des murs pour y créer des fresques, touches de couleur, d’humour et de fantaisie. Le résultat est surprenant et on prend plaisir à s’arrêter pour contempler ou commenter telle ou telle peinture. La rue de Santa Maria regorge de fresques c’est moins le cas pour les rues avoisinantes.

Peinture sur porte de Filipe Silva

Certaines fresques murales sont mangées par l’effritement du revêtement. Un cheval ailé peint sur une façade tente vaillamment de résister à l’outrage du temps et des intempéries… mais l’œuvre est menacée.

L’objectif est double : d’une part redonner vie à un vieux quartier menacé par l’abandon et la détérioration de l’habitat ancien, d’autre part sensibiliser la population et par ricochet les visiteurs à l’art et à la culture.

Ne jugeons pas les œuvres même si certaines peuvent ne pas plaire au goût commun. L’initiative est bonne et nous l’avons appréciée.

Tire la chevillette, la bobinette cherra

Déjeuner au restaurant Portao. Menu succulent et bien présenté dans des assiettes rectangulaires. Service un peu lent, 30 mn d’attente…mais au bénéfice du repos de nos vieilles jambes !

Les portes de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption ouvrent à 16h. Elle a été édifiée entre 1485 et 1514 par les chevaliers de l’ordre du Christ. Contraste entre la façade de crépi blanc et les  embrasures de basalte noir. Contraste entre la sobriété architecturale extérieure et la richesse et la profusion de couleurs, de peintures, de statues, d’éléments architecturaux qui s’offrent au regard du visiteur lorsqu’il y pénètre. Quelle magnificence ! Il y a du monde. Le sol est parqueté, le bois est d’ailleurs omniprésent. Ce lieu propice à la prière et à la contemplation est aussi un enchantement pour les yeux. La tête levée vers le plafond de la nef je reste en arrêt devant cet assemblage de caissons et marqueterie en bois de cèdre.    

Crépi et basalte soulignent la sobriété extérieure de la cathédrale

En tant que visiteur je suis toujours un peu gêné de côtoyer les fidèles se recueillant, priant, le discret mouvement des lèvres chuchotant ou psalmodiant. Les touristes se font discrets la tête levée vers la nef ou en arrêt devant le retable du chœur, ses stalles, ses douze panneaux de peinture flamande, les autels de Saint Antoine et du seigneur Jésus. Un délice pour les yeux.

La voûte dorée du chœur

Le temps est clément. Nous conseillons d’emprunter la large allée dallée qui jouxte l’avenue do mar avenida et qui offre une promenade vivifiante et reposante avec vue sur le port, la baie et l’océan. Une réplique de la Santa Maria, la caravelle qu’utilisa Christophe Colomb pour traverser l’Atlantique propose des sorties en mer. Elle est amarrée près des navires de plaisance ou des vedettes rapides. Cependant, un paquebot de croisière barrant l’horizon attire le regard volant ainsi un peu la vedette à ce voilier entré dans la légende.

Lever les voiles sur le Santa Maria…sans Christophe Colomb

Jour 3. Route côtière de Ribeira à Porto Moniz

Le lendemain direction sud-ouest. On loue à l’hôtel une Fiat Punto pour 3 jours en nous délestant de 130 euros. L’objectif est de longer la côte jusqu’à Porto Moniz et de revenir par le col d’Encumeada.

Cette partie de l’île est réputée plus ensoleillée mais aujourd’hui les nuages seront nos fidèles compagnons de route. Nous aurons au cours de cette journée un cocktail climatique riche et varié, brouillard, pluie, vent, soleil.

Nous suivons le circuit touristique traditionnel. Brève étape à Jardim do mar, les jardins de la mer. Charmant village aux ruelles étroites qui descendent de manière abrupte vers le rivage. Promenade en bord de mer. Il n’y pas âme qui vive. Un escalier de pierre aux rampes rouillées nous tend les bras. Nous acceptons son invitation pour nous retrouver au centre de la localité. Village fleuri. A l’ombre d’un frangipanier nous goûtons la sérénité des lieux.

Madame a vite maîtrisé l’art de la conduite à Madère. Le guide touristique présentait le trajet jusqu’à Paul do Mar comme dément. Madame a négocié les lacets et les pentes comme une lettre à la poste ! Mais cela a été autre chose pour les ouvriers qui ont construit cette route sinueuse et tourmentée. Certains y ont perdu la vie. Sur les hauteurs le dénivelé apparaît spectaculaire avec une vie sidérante sur les falaises et le rivage qui subitement semble s’éloigner.

Belvédère de Ponta do Fargo

La promenade vers le phare Ponta Do Fargo nous plonge dans un univers à trois dimensions : le vent breton, la lande écossaise et les côtes sauvages irlandaises. Cheminement agréable sur la lande qui borde les falaises jusqu’au phare qui ne se visite pas. L’intérêt est de jouir de la vue splendide qui s’ouvre à nous.

Ce matin décidément nous prenons de la hauteur et nous nous confrontons au vide. Ce sera le cas pour l’’étape suivante à Achados da cruz.

Un téléphérique à la descente verticale assumée glisse le long de la falaise. 4 mn de descente pour 500m de dénivelé. 4 jeunes allemands  de grande taille nous tiennent compagnie. Curieusement la descente ne procure pas de sensations fortes, pas de vibrations ni de hoquets de la part du couple ascenseur-câble. En contrebas nous attendent des parcelles cultivées mais en vérité beaucoup sont désormais laissées en jachère ou à l’abandon.

D’en bas la perspective est impressionnante. Je pense aux paysans, d’avant la mise en place de l’ascenseur, gravissant les sentiers escarpés le panier sur l’épaule. Labeur des hommes. Respect.

Au pied de la falaise, jardins cultivés…ou abandonnés

La main de l’homme a laissé son empreinte pour faire de ce rivage sauvage exposé aux intempéries une terre agricole. Des sentiers empierrés courent le long des parcelles. Elles sont protégées du vent et des embruns par des murets de pierre surmontés de fascines. Une porte en bois lessivée par le temps et munie d’un cadenas clôt le tout.

Un charme indéniable se dégage de l’endroit. S’il n’y avait pas ces traces de l’activité humaine, on pourrait s’identifier comme des naufragés rejetés sur la grève…

Cheminer le long des parcelles

En raison du manque de temps et avouons-le, d’un peu d’indolence, nous tournons le dos au chemin piétonnier qui aurait dû nous mener au sommet…pour emprunter l’ascenseur. On a un alibi, l’air de la mer a creusé notre estomac ! Il est temps de se restaurer. Justement une bicoque perchée en bordure de falaise fait l’affaire. Nous poussons la porte. L’ambiance rustique, surannée me plaît. De petites tables en bois attendent le client peu farouche question menu.

La tenancière à l’air décidé et direct nous tend sous le nez une carte à 4 volets. Son allure me dit qu’il ne faut pas trainer pour faire notre choix.  

Quand la maîtresse des lieux glisse mon assiette sur la table, un monticule de frites, encadré par deux flacons de ketchup et de moutarde taille XXXL, se dresse fièrement sous mes yeux surpris. Madame rigolarde appuie là où ça fait mal en me demandant où est le bœuf ! Je ne réclame pas vaincu par cette situation cocasse…due à une lecture rapide du menu. Madame, quant à elle, se régale avec des toasts au fromage…Injuste. La note est à la hauteur de la simplicité et de l’authenticité de ce resto d’un autre âge, 12 euros eau, café, thé compris.

Resto d’hier au charme indéfinissable

On a néanmoins apprécié cette pause.

Nous poursuivons notre route vers Porto Moniz. Très peu de circulation. Des nappes de brouillard jouent à cache-cache avec son cousin le soleil. A un détour d’un virage le paysage laisse apparaître les traces d’un coup de vent violent et d’un incendie. Des arbres gisent sur les pentes, les troncs de nombreux arbres sont noircis seulement à leur base. Curieusement les flammes après avoir prélevé leur dose ont dédaigné les parties supérieures.

La descente vers Porto Moniz est vertigineuse. Des points de vue plongent vers la ville reposant sur un vaste promontoire ceint d’une côte hérissée de roches volcaniques.  
Point de vue sur Porto Moniz

C’est un site prisé des touristes attirés par ces piscines naturelles d’eau de mer. Nous cheminons dans le dédale des allées bordurées par les blocs de lave. Deux jeunes hommes en tenue de bain se préparent à entrer dans la danse proposée par cette eau de mer. Les touristes bien vêtus les regardent en se demandant quelle température fait-il.

Piscine Naturelle

Les vagues se fracassent sur les rochers et la brume enveloppe les pentes et la ville.

Incursion rocheuse dans un océan agité

Après cette courte incursion dans cette curiosité naturelle nous remontons vers les hauteurs pour cheminer en direction de la côte Nord et Sao Vicente.

Nous n’aurons pas le temps de visiter les grottes sculptées dans la lave. Petite promenade dans ce bourg : église pittoresque et volée de larges marches…

Ruelle dans le bourg de Sao Vicente

Nous reprenons la route vers le col d’Encumeada. Brouillard, pluie nous accompagnent. Au détour d’un virage, un véhicule est en travers l’avant droit défoncé par le choc avec un parapet en ciment. Eh oui, la chaussée glissante exige de la vigilance et une conduite adaptée.

De l’autre côté de la ligne de crête, le brouillard et la pluie s’estompent. L’astre du jour nous salue. La longue descente vers la vallée est propice à des arrêts fréquents pour jouir du paysage somptueux. Le dessin de la vallée en ligne de fuite est particulièrement attractif. Il est temps de rentrer pour le thé…

Entre col d’Encumeada et Ribeira Brava

Jour 4. De la Pointe Saint Laurent au Pico do Areiro.

 Le lendemain l’objectif est de rejoindre la presqu’île de Sao Lourenço où des sentiers balisés permettent d’atteindre son extrémité et éventuellement d’y pique-niquer.  

Un régal de randonnée facile …et aérée

A 10h, le parking  n’est pas encore saturé mais de nombreux marcheurs sont déjà en train de fouler le sentier. Le temps est maussade mais cela ajoute à la beauté du site qui paraît encore plus sauvage. La randonnée est superbe. Le sentier balisé, parfois empierré et comportant des marches pour les parties escarpées facilite notre progression. Au tournant d’une sente, j’ai compris pourquoi le chemin était à certains endroits bordé de piquets en fer reliés par des cordes.

Randonneurs luttant contre les assauts du vent

Des bourrasques m’accueillent et me rejettent littéralement en arrière. Cette presqu’île est comme un glaive perçant l’océan, la proximité des deux rives nous expose à des vents de travers d’une violence incroyable. Mais les points de vue sont sublimes de part et d’autre de cette langue de terre montagneuse. En fonction du parcours soit le vent nous oblige à des courbettes vexantes (vanité mâle oblige !) tout en progressant à l’aide de la corde, soit il nous expulse littéralement vers l’avant comme une voiture de formule 1 libérée par le coup de feu du starter. Il faut vite apprivoiser cet élément et redoubler de prudence. Mais en définitive cela ne concerne que quelques portions du parcours. En contrebas monsieur océan balaie la grève y laissant sa morve blanchâtre. On jouit du spectacle.

Pointe Saint-Laurent: Le travail du vent
Pointe Saint-Laurent

2 heures de marche. Nous rebroussons chemin. Au retour nous croisons de longues files de randonneurs, certains bien équipés, chaussures de marche, vêtements de pluie, bâtons. D’autres ont emmené leur pique-nique. On leur souhaite bon courage.

Défilé de Randonneurs

Direction vers Santana. Dès que l’on quitte la voie rapide – est c’est l’une des caractéristiques de Madère – le trajet se compte en temps et non en kilométrage. Nous nous engageons sur une route de montagne peu fréquentée. Les belvédères sont nombreux. Sur une aire de pique-nique déserte surplombant Porto da Cruz nous avalons notre sandwich accoudés à une rambarde de pierre.

Délaissant Porto da Cruz, nous arrivant à Santana par une route accidentée très agréable. La présence d’une grande densité de voitures et d’autocars témoigne de l’intérêt touristique de la ville marquée par la présence du curieux habitat de maisons triangulaires. Avouons–le, on est un peu déçus. L’intérêt est limité.

Canical vue de la pointe Saint Laurent

Nous repartons rapidement. Prochaine étape vers notre coup de cœur, la découverte de la forêt primaire subtropicale, les levadas et le Pico do Arieiro.

La forêt dense est composée de nombreuses espèces. Par quel processus – mais c’est le mystère de la vie- cette île volcanique mise à nue par les éruptions a pu accueillir, nourrir, entretenir cette merveille naturelle ?

L’humidité est forte mais vivifiante, rafraîchissante, les odeurs comme l’eucalyptus nous enivrent. Impression de fouler un monde d’avant les hommes. Silence, beauté, sérénité. Les forces de la vie donnent leur pleine mesure.

Les fougères recouvrent le sol de son manteau protecteur, sur les talus les racines ressortent veinant ainsi le matelas terreux et rocheux. Les roches comme des gardiens des lieux nous surveillent et nous saluent à la fois. On écarquille les yeux, on s’arrête et on remplit nos poumons de cet air si enivrant. Moment de félicité.

Ribeiro Frio est le point de départ de randonnées. La plus courte, 45 mn environ vous emmène vers un balcon avec des vues sur les sommets les plus élevés…à condition que la couverture nuageuse ne vienne pas s’interposer, ce qui est le cas aujourd’hui. Nous décidons d’emprunter pendant 1 heure la Levada do Furado dont le point d’arrivée se situe à 11 kms à Portela. Il faut compter 3h30 pour cette randonnée qui attire nombre de randonneurs.

Ribeiro Frio. Départ de la levada vers Portela

Le chemin est large. Nous l’empruntons pendant une trentaine de minutes. Une petite randonnée certes mais qui permet de nous imprégner d’une atmosphère magique. L’ambiance est bucolique, le moment est rare. Nous cheminons sous une voûte épaisse formée par le laurier et la bruyère. Les troncs d’arbre et les rochers sont moussus, des lichens se laissent tomber des branches ou se nichent formant des boules d’ouate gris blanchâtre. Sur le côté l’eau s’écoule dans les rigoles creusées depuis des siècles pour les plus anciennes.

On est au cœur de la forêt endémique de lauriers. Le taux d’humidité est élevé. La brume venue de la mer est condensée par les feuilles de laurier ce qui alimente les cascades, les ruisseaux et par voie de conséquence ce réseau artificiel d’irrigation, les levadas. L’objectif est de capter l’eau du Nord pour l’amener vers les cultures situées au Sud ou sur les plateaux. Ces levadas sont devenus une richesse touristique pour Madère tant ils attirent de manière justifiée les randonneurs. Ces randonnées sont classifiées avec des étoiles. Elles offrent un panel contentant aussi bien des familles avec enfants ou des personnes âgées que des randonneurs aguerris et bien équipés.

Sur une terrasse surplombant la route nous dégustons notre thé. L’endroit est couru.

Forêt enchantée

Destination le Pico do Arieiro 1807m au centre de l’île qui constitue une des épines dorsales de cette île.

On est encore dans la forêt laurisilve. Les arbres droits dans leur botte négligent la terre ferme pour tutoyer les hauteurs. Des nappes de brouillard et de brume mêlés créent une atmosphère étrange, fantasmagorique. Un imaginaire peuplé d’elfes qui convoque des figures comme la fée Viviane, l’enchanteur Merlin…

Parfois des lambeaux de brouillard se détachent flottant au-dessus de la route ou se jetant à l’assaut de la cime des arbres.

Madame les compare à des flammèches venant lécher leurs proies.

Puis le voile se déchire brutalement. La route s’élève au-dessus des nuages. Nous décollons vers un paysage splendide en dépit du temps nuageux.

Les sommets environnants s’offrent à nous, regards ébahis. Il fait frais mais le bleu du ciel faisant fi du manteau nuageux éclaire ce moment privilégié.

Aux environs du Pico do Areiro

Restaurant et boutiques de souvenirs sont naturellement présents dans ce lieu très fréquenté par les amoureux de la montagne, des points de vue, de la randonnée. Avouons-le, les photos prises par mon appareil sont décevantes et ne rendent pas totalement compte de la magie du lieu…

Chers amis prenez votre temps et profitez à plein de ce temple naturel.

Prendre de la hauteur c’est bon pour le moral

Quant à nous nous redescendons vers Funchal, retraversons le plafond nuageux. Nous nous laissons envelopper par la brume puis le soleil nous surprend tout à coup alors que le trafic s’intensifie à l’approche de la ville.

Longue journée passionnante quoique fatigante. Il est temps de retrouver la quiétude de l’hôtel perché sur les hauteurs de Ribeira Brava.

Voyager c’est aussi mixer des moments forts et ambitieux avec des plages plus reposantes.

Jour 5. Du belvédère Cabo Girao aux petits ports de la côte Sud-Ouest.

Aujourd’hui       au volant de la Fiat Punto Madame plaide pour moins d’ambitions pédestres et de route !

Allons- y vers dans un premier temps Cabo Girao. Le trajet sinueux et montagneux nous emmène vers un site très fréquenté. En témoignent la présence de nombreux véhicules et cars de touristes ainsi que les hôtels dont les balcons sont tournés vers l’océan.

C’est le rendez-vous pour des émotions fortes. Pour les sujets au vertige abstention recommandée. Une avancée dans le vide avec sous nos pieds une plateforme en verre surplombant un vide de 600m…Etrange de voir la falaise à pic sous un angle réservé d’ordinaire aux espèces volantes. Près de la grève ourlée d’écume, on distingue les parcelles cultivées. Succès garanti. Un bon point pour attirer les touristes et habitants de l’île.      
Cabo Girao. Sous la plateforme de verre, le vide, soit 600m à la verticale

L’île de Madère est bien dotée en termes de villages côtiers, chacun ayant son charme particulier.

Déjeuner à Camara de Lobos (la chambre des loups) au Bar do Mar. On imagine Winston Churchill chapeau de paille et gros cigare peignant ce petit port niché au fond d’une anse. Après sa retraite politique, il y venait pour se ressourcer, écrire ses mémoires et s’adonner à une de ses passions, la peinture.

Sur la gauche les maisons s’accrochent le long des rues menant en haut de la falaise. Sur la droite nous empruntons une rade prolongée d’une barrière de rochers de lave. Nous y grimpons et pendant de longues minutes nous jouissons de l’endroit et du point de vue sur la côte et la rade à nos pieds qui accueille quelques embarcations de pêche. Un madérien s’affaire autour d’un petit chalutier perché sur des cales. Simplicité, calme, sérénité.

Camara de Lobos. Winston Churchill y a posé son chevalet

Nous repartons vers Porta do Sol, charmante bourgade cernée de hautes falaises et occupant une baie en demi-lune. Une rade protège le port. La descente vers Porta do Sol est vive. C’est la fête dans ce bourg dont est originaire le père de Dos Passos l’écrivain américain dont les livres sont peu lus de nos jours. Mais en hommage à l’enfant du pays - même s’il est né aux USA - un centre culturel est dédié à son nom.

Promenade dans le bourg. Sur la gauche du port on avise un bâtiment couleur ocre. Nous voici grimpant une pente à fort pourcentage. Pas de souci, la pratique de Madère depuis plusieurs jours a renforcé nos quadriceps. C’est un restaurant jouissant d’un point de vue unique. Quelle aubaine. Nous nous installons sur une terrasse face à l’océan comme si nous étions à la barre d’un paquebot dominant les flots. Bonheur simple.

Situation familière pour l’automobile, la pente abrupte

Jour 6. Funchal. Jardin tropical et promenade dans la ville.

Le bus nous emmène jusqu’au jardin tropical installé sur les hauteurs. 15 mn de montée pour arriver au jardin où l’on s’acquitte du tarif de 5,5€. Peu de monde mais il est tôt. Une légère brume nimbe les alentours. Le jardin d’une superficie de 80 000m2 s’étale sur plusieurs paliers soit une altitude de 150 à 300m. Encore une fois mais c’est une tradition à Madère nos mollets vont être sollicités…

Jardin botanique. Le plaisir d’y déambuler

L’aube et les premières heures de la matinée ont favorisé la rosée. Vigilance donc car les allées peuvent être glissantes sur certains segments. Le jardin est structuré par thèmes. Orchidées, palmiers, plantes grimpantes, cycadales, hibiscus, jardins à la française avec des massifs ornementaux que le plan à l’entrée qualifie joliment de jardins chorégraphiques, plantes médicinales… Bref une richesse et une variété qui incitent les visiteurs à prendre leur temps en picorant à leur gré les secteurs qui les attirent le plus. Pour nous incontestablement c’est le coin des cactus. On n’imagine pas l’extrême diversité de cette plante, peut-être parce qu’on est piégés par les images standardisées de Lucky Luke  ou les westerns de Ford et autres.

Le coin des cactus
Massif de fleurs

Certains se dressent fièrement vers le ciel ou levant les bras prennent les cieux à témoin, les implorant ou les saluant. D'Autres se vautrent à même le sol, formes dodues ou biscornues. 2 heures de détente flirtant avec le génie prolifique des plantes et des fleurs.

Cassia didymobotrya

A la sortie nous hélons le taxi traditionnel de couleur jaune ( voyager c’est aussi utiliser tous les moyens de transport) et pour 6€ nous arrête devant le marché des laboureurs, endroit pittoresque et incontournable de Funchal. Sur 2 étages les étals offrent une profusion incroyable de fruits et de légumes. Odeurs, ambiance sonore, couleurs…et des vendeurs qui nous alpaguent. L’un d’eux me fait goûter dans un demi-fruit creusé plusieurs fruits de la passion puis dans la foulée me fourgue dans un sac plastique un assortiment de fruits en annonçant la mise 19€. Je ne suis pas preneur. Il descend illico le prix à 9€.

Je tourne les talons mais il n’apprécie pas trop. Tant pis.

La pluie s’invite et redouble. J’entre dans un magasin, achète un parapluie pour 2,95€. Nos pas nous emmènent vers la cathédrale. 10mn après l’achat mon parapluie n’est plus de ce monde. Il a rendu l’âme sous l’assaut d’une rafale de vent. Madame éclate de rire. Je reste penaud tenant dans la main droite un moignon de parapluie…

Fort Saint Jacques. Impose sa présence jaune safran

La pluie fait partie de l’aventure et a sa part de charme…lorsqu’on est à l’abri.

C’est le cas. Abrités sous un auvent nous faisons honneur à notre déjeuner avec vue sur l’artère principale jouxtant le port. Allées et venues des bus et taxis, des passants. Ce sera notre ordinaire jusqu’au moment de régler la note.

Le voile nuageux a tenté de résister. La pluie a battu en retraite puis les rayons lumineux ont percé la voûte grisâtre. Nous en profitons pour aller jeter un coup d’œil au Fort Saint Jacques qui se drape dans un jaune safran prétentieux. Déception. L’endroit est vide et hormis le point de vue sur l’océan, l’intérêt est très relatif.

Combien de tunnels creusés à Madère ?

La pluie s’invite à nouveau. Il est 17h. Nous quittons Funchal en prenant un bus aux ressorts fatigués qui ramènent les Madériens au bercail. Les gouttes s’infiltrent, les jointures des vitres sont déficientes. Les sièges près des fenêtres recueillent cette semence du ciel. Les tunnels nous offrent un répit de courte durée. Nous changeons de place. Le bus se vide au gré des arrêts. A Ribeira Brava nous ne sommes plus que 4…et le soleil déclare sa flamme à la crique qui cerne la ville.

Demain. Décollage vers Paris. Un regret. Ne pas avoir eu le temps ni l’équipement nécessaire pour faire une grande randonnée le long des levadas.

En résumé Madère vaut le détour…et nous y retournerons.

par websitebuilder 05 déc., 2022

Cette route est un road trip à part entière qui fait voyager entre terre et mer. Nous l’avons prise à partir de Carmel jusqu’à notre petit cottage situé à Pismo Beach, traversant sa partie la plus intéressante qui s’étend de Carmel à San Simeon : bienvenue sur le Big Sur.

par websitebuilder 16 nov., 2022

Le quartier hippie

  Notre road trip a commencé à San Francisco, ville marquée dans notre imaginaire collectif par le « Summer of love » de 67 et je me suis demandée si « la maison bleue adossée à la colline » existait bel et bien et si les rues sont encore emplies du parfum mythique de « tous les hippies de San Francisco, plein d’amour brûlant dans leurs yeux ».

par websitebuilder 15 juil., 2022


14 novembre 2021. Les roues de l’avion entrent en contact avec la piste unique de l’aéroport de Sao Pedro sur l’île de Sao Vicente, une des 10 îles du Cap Vert.

L’avion est bondé. Comme le mien l’était en mars 2020 de retour d’Ethiopie. Et pour cause les opérations de rapatriement transformaient l’aéroport d’Addis Abbeba en ruches bourdonnantes. Les avions étaient pris d’assaut. Le virus entamait sa course mortelle autour du globe. Depuis, l’Ethiopie est le théâtre d’une guerre civile meurtrière dans la région Nord où je randonnais. Depuis je pense souvent à ceux que j’ai pu croisés ou rencontrés ? Que deviennent-ils ?

par websitebuilder 01 août, 2019
5 jours en Egypte au mois de décembre 2018, d'Hurghada à Louxor.
par websitebuilder 01 août, 2019
« Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla », traduction littérale : « Celui qui n’a jamais vu Séville n’a jamais vu de merveille ». 
Ce dicton résume à lui seul cette ville.
Dressée le long du Guadalquivir, sa situation stratégique lui a permit d'être une ville puissante et riche. Grâce à son histoire, Séville a hérité d'un passé arabe et quelques siècles plus tard, elle fut également le principal port de commerce en Europe vers les Amériques au temps de la conquête espagnole.
par websitebuilder 23 mai, 2019

Mai 2010

Passer de la climatisation de l’avion à un bain de chaleur voilà le premier contact avec le Vietnam et sa capitale Hanoï. En ce début d’après-midi il fait 40°. Commence notre périple de 15 jours du Nord au Sud.

Cette année 2010 Hanoï fête ses mille ans. L’empereur Ly Thai Tô en 1010, au septième mois lunaire, fonda ce qui allait devenir Hanoï. La vue d’un dragon surgissant du ciel, heureux présage selon lui, l’incita à faire du lieu sa capitale « Thang Long » la ville du dragon qui s’élève.

par websitebuilder 11 janv., 2019
Une échappée hors du temps sur les Backwaters du Kerala
par websitebuilder 13 juil., 2018
Le cortège s’échelonne sur plusieurs centaines de mètres et progresse tranquillement. Beauté et sérénité se dégagent de cette houle blanche qui coule sur l’asphalte. Des bannières et des parapluies multicolores se balancent au milieu de ce moutonnement humain. Un étrange animal comme une sorte de monstre à quatre pattes se dandine au milieu d’hommes portant chemise blanche et sarong à damier à carreaux noirs et blancs. Des gongs et des métallophones nimbent l’atmosphère d’une musique syncopée parfois striée par le son d’une flûte...

Nous sommes le mercredi 4 avril 2017. C’est jour de Galungan.


par websitebuilder 16 avr., 2018

Lundi 27 novembre 2017

Depuis 7 heures du matin, assis en plein vent à l’arrière de notre bateau sur un fauteuil en bambou, je contemple le sillage qui strie les eaux du fleuve mythique et nourricier du Myanmar, l’Irrawaddy. Il fait froid. Un brouillard digne des brumes du plat pays cher à Jacques Brel nous accompagne depuis le départ de Mandalay. Il nimbe le large et vaste fleuve d’une atmosphère à même de susciter en nous des vapeurs nostalgiques ou romantiques. Par le travers, apparaît une embarcation chargée à ras bord de birmans comme une ombre fantomatique ou un banc de poissons filant sous le nez du plongeur en apnée.

par websitebuilder 09 févr., 2018

Octobre 2014. Je passe quelques jours à Yogyakarta chez Mien Brodjo, la tante de mon amie Katharina. Un séjour très agréable chez une dame presque octogénaire, active, alerte, très connue à Java et dont le parcours de vie est étonnant.

Kat et ses deux cousines Abi et Rini ( la fille de Mien) ont programmé tôt ce matin un trekking en jeep à proximité du volcan Merapi (montagne de feu ), le plus actif et le plus dangereux des 129 volcans indonésiens et culminant à près de 3000 m.

Nous allons sur les traces de l’éruption meurtrière d’octobre-novembre 2010 qui a fait plus de 300 victimes dont le juru kunci ( le gardien des clés du volcan).

1 heure de route jusqu’au lieu où nous attend le conducteur de la jeep, un javanais au physique viril d’acteur américain. Abi ne semble pas insensible à cette force tranquille qui émane de lui…cela promet !

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